nov. 29, 2013
Le défi
En Ontario, il faut procéder à une évaluation rigoureuse
fondée sur des données probantes des nouveaux services et
des nouvelles technologies en vigueur dans le système de santé.
Mais qu’en est-il des services et des technologies existants?
Quels sont ceux qui devraient faire l’objet de nouvelles analyses
fondées sur des données probantes afin de déterminer s’ils
sont appropriés et synonymes de valeur ajoutée? À moins de
disposer d’un cadre pour établir l’ordre de priorité en ce qui
a trait à la réévaluation des milliers de produits et services
subventionnés, le moins qu’on puisse dire c’est qu’il serait
problématique de tenter de décider quels services il faut réduire,
lesquels il faut abandonner et sur lesquels il faut se centrer.
Le projet d’amélioration
Ces questions ont poussé Alison Paprica, directrice de la
Direction de la planification et de la recherche pour le système
de santé du ministère de la Santé et des Soins de longue durée
de l’Ontario, à se joindre au programme FORCES de la FCASS
et à proposer un projet d’amélioration visant à élaborer un
cadre de réévaluation. Mme Paprica a consulté diverses parties
prenantes pour démarrer le projet, notamment ses mentors,
Adam Elshaug et Tony Culyer, renommés pour leur expertise en
politiques de santé. Suivant les conseils des parties prenantes des
ministères et des experts externes consultés, le cadre proposé par
Adam Elshaug a été adapté au contexte ontarien. Ce cadre attire l’attention sur les pratiques vraisemblablement de moindre
importance ou qui pourraient même nuire aux patients.
Ainsi, la réévaluation a lieu si deux des éléments suivants,
ou plus, sont présents : une recommandation fondée
sur des données probantes décourageant le recours à un
organisme externe; une nomination par un expert clinique
local; des préoccupations liées à la sécurité relevées dans
la documentation; une variation régionale ou temporelle
signalant une utilisation inappropriée; le changement
proposé sera profitable à un grand nombre de résidents
de l’Ontario (p. ex., le changement aurait une incidence
favorable pour au moins 1 000 personnes par année); le
changement proposé entraînerait des économies (p. ex., il
permettrait d’économiser au moins un million de dollars
par année).
Les principaux résultats et impacts
Le projet de Mme Paprica a rapidement donné lieu à des résultats
probants dans sa province et ailleurs. La définition suivante de
la pertinence, qui a découlé de ses travaux, a été adoptée par le
Groupe de travail sur l’innovation en matière de santé (GTIMS)
du Conseil de la Fédération qui regroupe tous les ministres de
la Santé des provinces et des territoires :
En matière de santé,
la pertinence s’entend de l’utilisation judicieuse et opportune des
produits, ressources et services de santé. L’inadéquation des soins,
en revanche, peut consister dans une surutilisation, une sousutilisation
ou une mauvaise utilisation des produits, ressources et
services de santé. La pertinence est déterminée principalement par
l’analyse des données probantes sur l’efficacité clinique, la sécurité,
les répercussions économiques et d’autres incidences sur le système de santé. La pertinence se concrétise lorsque la qualité de ces
analyses est attestée par a) le jugement clinique, en particulier lors
de circonstances atypiques et b) les principes et valeurs éthiques et
sociaux, y compris les préférences des patients.
Pour appuyer les travaux du GTIMS, un sondage a été mené
partout au Canada et a permis de déterminer trois priorités
en ce qui a trait à la pertinence de l’imagerie diagnostique,
soit en cas de lombalgie, de traumatisme crânien mineur et
de céphalée non compliquée. Ces priorités ont été acceptées
par les premiers ministres lors de la réunion du Conseil de
la fédération de juillet 2013, qui ont recommandé cependant
d’élaborer des lignes directrices sur l’utilisation pertinente de cet
outil diagnostique pour ces cas. De plus, en avril 2013, on a créé
un comité ministériel sur l’analyse des priorités fondée sur des
données probantes devant servir de centre de référence pour
les analyses fondées sur des données probantes réalisées par des
groupes externes. Ce comité est chargé de faire la synthèse de
l’information en vue de formuler des recommandations visant
à éclairer le processus décisionnel en vigueur au ministère de
la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario.
Le projet a eu des répercussions d’ordre institutionnel et
organisationnel ainsi que sur le plan des ressources humaines
et des politiques. Le cadre de réévaluation de l’Ontario a identifié les candidats qui ont depuis procédé à un désinvestissement sélectif, permettant d’économiser chaque année environ 59 millions $ CAN qui pourront être investis ailleurs. Par exemple, le désinvestissement partiel a été mis en place en Ontario pour les tests de routine de la vitamine B12 et de la ferritine, ainsi que pour l’utilisation quotidienne de bandelettes de test glycémique par les diabétiques qui ne prennent pas d’insuline. Chacune de ces pratiques a été réévaluée en priorité en fonction des éléments déclencheurs 1 et 6 du cadre de la réévaluation et, après une participation accrue des parties prenantes locales (sans autres données scientifiques dépourvues de contexte externe), le désinvestissement sélectif a été mis en œuvre.
La possibilité d’utiliser un tel cadre et un processus objectif
pour déterminer les priorités en matière de réévaluation a
redonné confiance au personnel qui s’est senti plus à même de
prendre des décisions et de justifier leurs jugements, suscité un
plus grand intérêt à l’égard du désinvestissement étayé par des
données probantes et contribué à l’élaboration de politiques
opérationnelles éclairées par des données probantes dans
l’ensemble du ministère. Le comité a mis sur pied un processus
annuel en vue de recueillir les suggestions relatives à d’autres
produits et services jugés de moindre importance et il continuera
à aider les provinces et les territoires dans l’élaboration de leurs
politiques en matière de pertinence. On prévoit que le cadre de
réévaluation ainsi que les processus et gabarits mis en place par
le comité seront utiles à d’autres organismes et ministères. On
s’efforce actuellement de diffuser les résultats du projet et de faire
connaître les processus et gabarits afin que ces connaissances
puissent profiter au plus grand nombre.
Alison Paprica
Directrice
Direction de la planification et de la recherche pour le système de santé
Ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario
Pour en savoir plus sur ce projet ou le programme
FORCES veuillez visiter fcass-cfhi.ca/forces ou nous
envoyer un courriel à info@cfhi-fcass.ca.